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04/05/2014

Pédophilie : le Vatican poursuit l'entreprise de justice et d'assainissement lancée par Benoît XVI

Les catholiques ont le devoir d'assumer ce sujet terrible :

 


 

Au Vatican, première réunion de la commission d'experts anti-pédophilie constituée par le pape François. Elle comporte notamment une ancienne victime irlandaise (Mary Collins). Le cardinal O'Malley souligne que la commission oeuvre à la mise en place de ''procédures claires'' visant à mener les coupables devant la justice pénale. La commission critique le fait que des catholiques puissent encore encore, ici ou là, rester dans ''l'ignorance'' ou ''le déni'' vis-à-vis du drame de la pédophilie, qui n'est pas réservé à l'Irlande et aux Etats-Unis. Selon le communiqué final, la commission fera ''des propositions spécifiques pour encourager la prise de conscience de tout le monde quant aux conséquences tragiques des abus sexuels et aux conséquences dévastatrices du fait de refuser d'écouter, de ne pas relayer les soupçons, et de manquer à soutenir les victimes et leurs familles". 

Dans le numéro de mai de la revue La Nef, Falk van Gaver n'hésite pas à rappeler les catholiques à la lucidité envers le problème pédophile :

<< C’est un sujet dont personne n’aime parler, et particulièrement pas les catholiques, échaudés par la révélation médiatique de nombreux crimes sexuels dans l’Eglise. Si les actes pédophiles dus à des clercs ont été trop souvent couverts par le silence, les évêques de France ont donné des normes claires : il faut non seulement « rompre le silence entourant les actes de pédophilie » [1], mais porter ces crimes devant la justice. Si les cas de pédophilie sont plus nombreux qu’on ne le reconnaît (qui n’en connaît pas autour de lui ?), il convient de se rappeler, autre tabou énorme, que sept cas de pédophilie sur dix ont lieu dans les familles, où la loi du silence s’impose encore très fréquemment. Il semble même qu’il y ait parfois dans les familles catholiques touchées par ces viols une grave confusion, pour le même acte, entre le péché et le crime, et entre la miséricorde et la justice. Si l’attitude juste face au péché est le pardon, l’attitude juste envers le crime est la dénonciation en justice. Bref, ne pas dénoncer un crime sexuel commis sur un enfant est une grave complaisance envers le crime, et une grave injustice envers la victime. La loi sanctionne la non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur un mineur de moins de 15 ans, et  comme l’Eglise de France l’a rappelé : « Lorsque quelqu’un a connaissance de faits précis concernant des privations, des mauvais traitements ou des atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, il doit en informer la justice. Dans cette hypothèse, il n’y a pas lieu de faire une distinction en fonction de la qualité de l’agresseur : peu importe que celui-ci soit membre de la famille de la victime, éducateur ou prêtre. La dénonciation s’impose à condition de bien voir qu’il ne s’agit pas de dénoncer d’abord une personne mais des faits. » [2]  Le droit français protège le secret professionnel pour les ministres du culte. Mais le respect du secret professionnel ne doit pas fonctionner comme un lieu de non-droit ou servir d'échappatoire devant les responsabilités de chacun : « Ainsi, un prêtre qui reçoit les confidences de l’auteur d’un crime ou d’un délit doit tout mettre en œuvre pour que celui-ci assume ses responsabilités tant à l’égard de la victime qu’à l’égard de la société, et se confie donc à la justice. » [3] Tout mettre en œuvre : si les confesseurs n’en sont pas exemptés, que dire de nous autres laïcs ? >>

 

À ces réflexions salubres et courageuses, on peut ajouter deux commentaires :

1. Tenter de minimiser ce scandale fut la tentation d'autorités ecclésiales, mais aussi de laïcs catholiques confondant foi et posture-refuge. Chez une partie d'entre eux, ce déni servit à se donner latitude d'afficher des attitudes triomphalistes : difficile, en effet, de brandir des ''valeurs'' de milieu si l'on doit reconnaître qu'aucun milieu n'est épargné par une chose odieuse... 

2. Le scandale de la pédophilie chez des prêtres a une dimension surnaturelle : c'est le contraire  (monstrueux) du sacerdoce. Reconnaître cette particularité, c'est souligner a contrario la grandeur unique de la fonction sacerdotale... Mais minimiser la portée de la pédophilie de prêtres, c'est méconnaître cette particularité : donc c'est nier objectivement la grandeur unique du sacerdoce, et l'on s'étonne que des catholiques puissent tomber là-dedans.

Merci au pape François d'avoir créé cette commission, qui va poursuivre le dur labeur lancé par Benoît XVI.

 

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[1] Déclaration au sujet de la pédophilie lors de l'Assemblée plénière de la Conférence des Évêques de France de novembre 2000, 9 novembre 2000

[2] Chrétiens dans le monde- Revue n°479 - septembre 2002

[3] Conférence des évêques de France,  Lutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs (2003) Bayard-Cerf-Mame, 2010

 

 

 

Commentaires

PAS DE FAUX-FUYANTS

> en effet soyons à la hauteur de nos papes : pas de faux-fuyants, assumons la honte et le scandale, d'ailleurs on n'a pas le choix, le monde entier est au courant ! Le courage et la transparence sont ce que Dieu attend de nous. Les faux-fuyants seraient trahir Dieu. Alors évidemment on a lu çà et là qu'il ne faudrait pas en parler, qu'il n'y aurait eu que "quelques" prêtres en faute etc. Dire ça est une autre honte. C'est ainsi qu'on détruit l'image surnaturelle
de l'Eglise, qu'on dit défendre. C'est peut-être qu'on a d'autres priorités ? Nier les fautes de membres de l'Eglise montre qu'on voulait juste se servir de l'Eglise, donc qu'on avait besoin qu'elle ait le bon look. Si au contraire on se veut membre et serviteur de l'Eglise, on sait que sa mission surnaturelle lui commande la transparence, et on ne cherche pas à cacher les torts.
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Écrit par : G. Mercadier / | 04/05/2014

HEROÏQUE BENOIT XVI

> On parle pour les saints "d'héroïcité" des vertus. A la maison nous avons toujours admiré et plaint l'humble et discret Benoît XVI d'avoir entrepris cet horrible nettoyage.

Oui, vous avez raison de souligner que "Le scandale de la pédophilie chez des prêtres a une dimension surnaturelle "
On ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec les propos extrêmement durs de Notre Dame à La Salette. Voir l'ouvrage du P Corteville présenté par le P. René Laurentin.
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Écrit par : Pierre Huet / | 04/05/2014

LA SAINTETÉ DE L'EGLISE

> La pédophilie, comme tout péché particulièrement grave – et en l’occurrence c’est bien le cas – comporte en effet une dimension métaphysique en ce qu’elle est la négation radicale du sacerdoce commun des baptisés. Nous ne devrions jamais oublier qu’en recevant la grâce du baptême nous embrassons une même vocation : être saints comme Dieu est saint. Et dans ce domaine, il n’y a pas de distinction clercs-laïcs qui tienne : le baptême nous configure les uns et les autres au Christ.

Mais le plus grave, le plus destructeur dans ces affaires, ce n’est pas seulement le crime de pédophilie : c’est davantage encore le refus de reconnaître les péchés commis, voire le projet condamnable de les masquer, fût-ce aux prix du mensonge.
Une certaine culture catholique, arc-boutée sur la notion d’« honneur » de l’Eglise, à préserver à tout prix, – notamment lorsque la réputation de ses ministres ordonnés est en cause –, est malheureusement allergique à l’idée que l’Eglise pourrait se repentir, confesser les péchés de ses enfants. D’où certaines réactions négatives au Jubilé de l’an 2000…

Pourtant, comme le soulignait Gerhard Lohfink, ce qui fait la sainteté de l’Eglise, « ce n’est pas la sainteté qu’elle s’acquiert elle-même, ce ne sont pas les efforts crispés ni les réalisations morales, mais l’action salvifique de Dieu qui justifie les sans-Dieu, qui accueille ceux qui ont échoué et qui se réconcilie avec ceux qui sont tombés dans le péché. Ce n’est que dans le don de cette réconciliation et dans le miracle de la vie regagnée contre toute attente que se manifeste ce qu’on veut dire ici en parlant de société alternative. Cela ne signifie pas une Eglise dans laquelle il n’y aurait plus de faute, mais une Eglise dans laquelle l’Espérance renaît sans cesse du péché pardonné. »

On peut détecter une véritable hérésie de la part de ceux qui, pour mieux garantir la sainteté de l’Eglise, s’efforcent de mettre discrètement sous le tapis les aspects déplaisants de notre vie ecclésiale. La sainteté de l’Eglise passe par la confession des péchés et la réconciliation avec Dieu. Sans cela, d’ailleurs, il n’y aurait même pas de crédibilité possible de son témoignage auprès de la gentilité.
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Écrit par : Blaise / | 04/05/2014

BLASPHÈME

> Le RP Jean Cardonnel, théologien dominicain, avait dénoncé "l'homosexualisation grandissante du clergé", que l'on ne peut pas dissocier de la misogynie que l'on y trouve parfois. Peut-être dû l'absence de théologie de la femme que dénonce le pape François ?
Ce clergé homosexuel qui n'assume pas son état est à l'origine du cancer de la pédophilie dans l'univers ecclésiastique catholique.
Le RP Jean Cardonnel assimilait lucidement la pédophilie à un blasphème contre l'esprit, seul scandale jugé indigne de pardon par le Christ.
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Écrit par : Pierre Huet / | 30/05/2014

@ Pierre Huet

> Que voulez-vous dire par "ce clergé homosexuel qui n'assume pas son état"?
Quel lien faites-vous avec la pédophilie?
Je crois que, si certains séminaires ont recruté auprès des milieux homosexuels, notamment pour ne pas avoir à traiter ensuite le cas coûteux des enfants cachés du clergé, ce qui est d'un cynisme total,la question de la pédophilie est, pour le cas des prêtres comme celui de l'ensemble de la population, à dissocier clairement de l'homosexualité.
C'est beaucoup plus globalement une question d'intégration de la sexualité, comme dimension signifiante de la personne adulte, non comme lieu, externe au moi intime, de consommation où seule compte la pulsion envahissante du nourrisson totipotent qui réclame satisfaction immédiate, en ignorance de l'autre comme personne, (le monde entier comme simple extension du corps chosifié, à disposition pour calmer des appétits aveugles).
On trouve cette immaturité qui fait les serial-killers chez beaucoup de nos hétérosexuels contemporains. L'autre n'étant pas identifié pour lui-même, peu importe qu'il soit homme, femme, enfant. C'est un simple objet qui excite un moment la pulsion et doit donc s'y soumettre impérativement. La pulsion assouvie, l'autre redevient insignifiant, qui ne provoque pas de compassion chez le bourreau.
Le prédateur développe des techniques de séduction très puissantes pour assouvir ses fringales sexuelles. Puis se rendort, sans regard pour la victime, sourire de contentement qui le rend aimable à ses yeux,jusqu'à pleurer sur lui, et parfois attendrit l'entourage trompé, jusqu'à sa prochaine faim d'ogre.
Or il se trouve que ce schéma : besoin impérieux d'assouvir immédiatement une pulsion exacerbée par la présence du consommable, stratégie de séduction, puis rejet sans scrupule du déchet, sans se demander ce qu'il devient, dans la seule vénération de soi, jusqu'à la prochaine fringale,que l'on va chercher à provoquer, tant s'est jouissif!, est celui de notre société de consommation.
Le problème, n'en déplaise aux chasseurs d'homosexuels, c'est bien la société de consommation. Et je ne serais pas surprise qu'un jour ce soit l'un d'eux qui nous réapprenne la retenue amoureuse, la faim joyeuse, l'émerveillement fou, à en laisser tomber toute bienséance sclérosante et autres corsets culturels qui courbent les désirs en vices, mais en respect infini de l'autre, -autre qui, même dans le mariage sacramentel, n'entre jamais en notre possession!-, oui que l'un d'eux nous apprenne la vénération en l'autre de la beauté bouleversante de l'Esprit Créateur.
On peut, il est bon de, se laisser toucher par la lumière divine qui anime les corps et les âmes de nos frères, même si l'on en est blessé au coeur: bienheureuse blessure! Nous avons alors la liberté d'en faire danse de joie et oeuvre créatrice qui rouvre les yeux de nos contemporains aveugles à la beauté première de la Création et, en son sommet de chaque homme.
L'émerveillement amoureux, en décentrement de soi et abandon de tout esprit de possession, -ce qui nous allège avec bonheur, délie nos corps pour la danse,libère nos coeurs pour la louange!-, voilà le remède à ces pulsions cannibales régressives auxquelles nous enchaîne la société de consommation.
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Écrit par : Anne Josnin / | 30/05/2014

EH LÀ

> Eh là, Anne Josnin, qu'est-ce qui vous permet de dire que les séminaires auraient délibérément recruté dans "les milieux homosexuels" pour échapper au problème des dérapages hétéros dans le clergé ? C'est de l'enfumage de lobby, ça. Et c'est une accusation grave et injuste envers notre Eglise.
La présence d'homosexuels dans le clergé n'a pas besoin d'une explication complotiste. Je connais des gays pasteur protestant, prêtre orthodoxe ou prêtre lefebvriste, juste dans la proportion où les gays existent dans la société laïque. Halte à la parano.
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Écrit par : angelo rossi / | 31/05/2014

@ angelo rossi

> Je ne parle pas de complot, mais d'une réalité, à une époque, en Allemagne, où j'ai connu des gens missionnés-salariés dans l'Eglise.
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Écrit par : Anne Josnin / | 31/05/2014

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